De la centralisation

Pour fonctionner une ville nécessite tout un tas de centrales de production d’énergie, de potabilisation de l’eau et d’épuration des eaux usées. Il faut aussi les réseaux permettant d’acheminer cette production vers les habitations.

Il n’est pas question de remettre en cause ce fonctionnement pour les grandes villes denses où ces réseaux existent déjà et où les logements sont côte à côte et presque impossibles à rendre autonome. Les toits d’immeubles n’offrent pas une surface de captage suffisante pour les besoins en eau des habitants, l’orientation ne permet que rarement l’utilisation du solaire passif, etc. Mais pour toutes les zones diffuses, pavillonnaires ou de campagne, la question de la centralisation mérite d’être posée.

En dehors de l’énergie grise nécessaire à leur construction – et qu’on oublie souvent de prendre en compte dans le comparatif avec l’énergie solaire individuelle – chaque centrale/usine (eau, électricité, assainissement, gaz) engendre des coûts de construction astronomiques. Des millions, des milliards d’euros pour certaines. Cet investissement (issu des impots) devra être amorti. La durée de vie d’une centrale est d’environ 30/40 ans.

Or, les technologies évoluent! Une centrale de 500 millions d’euros sera donc obsolète seulement… 10 ans après!? Et il faudra attendre encore 20 ans d’efficacité modérée avant de commencer la planification d’une mise aux normes ou de la construction d’une nouvelle.

La technologie du photovoltaïque n’est pas idéale. Loin de là. En plus d’être moyennement esthétiques, les panneaux photovoltaïques d’une maison enferme une énergie grise conséquente. Mais en comparaison de celle d’une centrale nucléaire rapporté à l’habitant? Difficile de savoir. Certes ils auront eux aussi une durée de vie limitée, à peine moins que celle de la centrale… Mais la grande différence, puisque la technologie des panneaux et batteries évolue  – rien que sur une base de 5ans -, c’est qu’à chaque nouvelle construction, l’usager peut bénéficier des dernières nouveautés, plus écologiques, performantes et bon marché.

Là où avec une centrale, la technologie est bloquée pour 40 ans (performance, entretien, etc.), les systèmes de production individuels d’énergie (solaire, éolien, hydraulique) évolueront – à l’échelle de la communauté – à chaque nouvelle construction.

Et si le problème de la centralisation ne se situait que dans la production de l’énergie. Imaginez les milliards d’euros, de kilos de Co2 et litres de pétrole nécessaires pour la construction des réseaux et l’acheminement de la production.  Il faut savoir que pour un kilowatt consommé il faut en moyenne en produire 2,58. Environ 60% à la poubelle!!! Ceci est dû à l’incapacité de transporter le courant sans perte sur la ligne.

Il apparaît donc urgent de produire l’énergie localement. L’idée de consommer local a de plus en plus de succès, notamment quand il s’agit de nourriture. La MAD produit sa propre énergie, et son système électrique est conçu pour raccourcir le plus possible les longueurs de câbles afin d’éviter les pertes. Et ce, même à l’échelle d’une simple maison!

Si ces arguments en faveur de la décentralisation s’appliquent surtout à l’énergie, il en va de même pour la production d’eau potable, et pour l’assainissement. Ces dispositifs ont l’inconvénient supplémentaire de consommer beaucoup d’énergie dès qu’il sont centralisés, là où les systèmes individuels d’épuration ou de filtration de l’eau de pluie n’en nécessitent aucune s’ils sont correctement conçus.

GL